Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/166

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sans blesser sa dignité. Je connais l’état de ses affaires : mon oncle m’en a dit assez sur ce point. Il y a, entre autres dettes, une obligation de quatre mille francs au profit des héritiers de Hoogebaen. Je désire posséder sur-le-champ cette obligation, dussé-je la payer dix fois ce qu’elle vaut.

Le notaire regarda le Jeune Denecker avec un étonnement visible et sans répondre.

Gustave demanda avec anxiété :

— Pourquoi cette question vous déconcerte-t-elle ? Vous me faites trembler !

— Je ne comprends pas votre émotion, dit le notaire, mais j’ai lieu de croire que la nouvelle que j’ai à vous apprendre vous affligera profondément. J’ose à peine parler. Si mes prévisions sont fondées, je vous plains à bon droit. Monsieur.

— Que dites-vous, mon Dieu ! s’écria Gustave avec effroi. Expliquez-vous : la mort a-t-elle visité le Grinselhof ? Hélas ! la seule espérance de ma vie est-elle anéantie ?

— Non, non ! dit le notaire avec précipitation. Ne tremblez pas ainsi ; ils vivent tous deux ; mais un grand malheur les a frappés…

— Eh bien !… eh bien !… dit le jeune homme en proie à une fiévreuse angoisse.

— Soyez calme, reprit le notaire. Asseyez-vous et écoutez, Monsieur ; cela n’est pas aussi terrible que vous le pensez, puisque votre fortune vous permet, en tout cas, d’adoucir leur misère.

— Ah ! Dieu soit loué ! s’écria Gustave avec joie ; mais