Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/167

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je vous en conjure, monsieur le notaire, hâtez-vous, rassurez-moi ; votre lenteur me met à la torture.

— Sachez donc que la lettre de change en question est échue pendant votre absence. Monsieur de Vlierbecke a, durant plusieurs mois, fait d’inutiles efforts dans le but de trouver l’argent nécessaire pour y faire honneur. D’un autre côté, ses propriétés étaient grevées de rentes au service desquelles elles ne pouvaient suffire. Pour échapper à la honte d’une aliénation forcée, monsieur de Vlierbecke a fait exposer en vente publique tous ses biens et jusqu’à son mobilier. Le produit atteignit à peu près le montant des dettes ; chacun a été satisfait, grâce à la noble et loyale conduite de monsieur de Vlierbecke, qui s’est plongé dans la plus extrême misère pour faire honneur à son nom.

— Ainsi, monsieur de Vlierbecke habite le château de sa famille à titre de locataire ?

— Pas du tout, il l’a quitté.

— Et quelle résidence a-t-il choisie ? Je veux le voir et lui parler aujourd’hui même.

— Je ne le sais pas.

— Comment, vous ne le savez pas ?

— Personne ne le sait : ils ont quitté la province sans informer qui que ce soit de leurs projets.

— Ciel ! que dites-vous ? s’écria Gustave dans une profonde consternation. Je serais forcé de vivre plus longtemps encore loin d’eux ? Ne pas savoir ce qu’ils sont devenus ! Ah ! je tremble ; une affreuse anxiété m’oppresse. Ainsi, vous ne pouvez m’indiquer leur demeure ? Personne, personne ne sait où ils sont ?