Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/168

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— Personne, répliqua le notaire. Le soir même de la vente, monsieur de Vlierbecke a quitté le Grinselhof à pied, et a suivi dans la bruyère un chemin inconnu. J’ai fait depuis quelques démarches pour découvrir son domicile, mais toujours sans le moindre résultat.

À cette triste nouvelle, le jeune homme fut pria d’un tremblement nerveux et pâlit visiblement ; désespéré, il porta convulsivement les mains à son front comme s’il eût voulu cacher deux grosses larmes qui coulaient de ses yeux. Ce que le notaire lui avait dit auparavant sur le malheur du père de Lénora, quoique affectant douloureusement son cœur, l’avait moins frappé, parce qu’il connaissait déjà sa misère ; mais la certitude de ne pouvoir immédiatement revoir sa bien-aimée et l’arracher à sa triste position, accablait son cœur d’un morne chagrin, tandis que le doute même sur son sort le faisait trembler dans la crainte de malheurs plus grands.

Le notaire, l’œil fixé sur le jeune homme, haussait les épaules de temps en temps, et son visage avait pris une expression de pitié. Enfin, il dit d’un ton consolant :

— Vous êtes jeune. Monsieur, et, selon l’habitude de votre âge, vous exagérez joie et douleur. Votre désespoir n’est pas fondé ; il est facile, au temps où nous vivons, de découvrir les gens que l’on veut bien rechercher. Avec un peu d’argent et de l’activité on est à peu près sûr d’avoir, en peu de jours, des renseignements sur le domicile de monsieur de Vlierbecke, quand même il habiterait un pays étranger. Si vous voulez me charger des recherches, je n’épargnerai ni temps ni peine pour