Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/171

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— Je vois que monsieur a pris une ferme résolution ; qu’il fasse donc selon sa volonté. Le Grinselhof a été acheté par les créanciers hypothécaires, attendu qu’il est resté avec ses dépendances manifestement au-dessous, de sa valeur.

— Qui l’habite ?

— Il est resté inhabité. On ne va pas à la campagne en hiver.

— Ainsi, on pourrait le racheter aux propriétaires ?

— Sans doute, je suis même chargé de l’offrir de la main à la main pour le montant des hypothèques…

— Le Grinselhof m’appartient ! s’écria Gustave. Veuillez, monsieur le notaire, en donner immédiatement avis aux propriétaires.

— C’est bien, Monsieur ; considérez dès maintenant le Grinselhof comme votre propriété. Si vous avez le désir de le visiter, vous trouverez les clefs chez le fermier.

Gustave prit son chapeau, et se disposant à quitter le notaire, il lui serra la main avec une véritable cordialité :

— Je suis las et ai besoin de repos ; mon âme a été trop fortement secouée par la triste nouvelle que vous m’avez apprise. Dieu vous aide, monsieur le notaire, et commencez sans retard à remplir votre promesse ; ma reconnaissance dépassera tout ce que vous pouvez imaginer. Adieu, à demain !

Gustave s’éloigna la tristesse dans le cœur et gémissant du coup imprévu qui venait de l’atteindre si douloureusement.