Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/174

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pensée, et s’approche d’une cassette antique posée sur une encoignure. Il l’ouvre avec une apparente indifférence et en tire quelques modestes bijoux, une paire de boucles d’oreilles et un collier de corail rouge. Il considère longtemps ces objets avec un sourire doux, mais triste ; un long soupir s’échappe de sa poitrine, ses yeux se lèvent vers le ciel comme pour y porter une plainte, et sa main renferme soigneusement les bijoux dans la cassette.

Il quitte la salle, descend l’escalier et gagne la cour. Domestiques et servantes saluent sur son passage ; il leur répond par une muette inclination de tête, et disparaît dans le plus sombre sentier du jardin.

Il s’arrête au pied d’un châtaignier sauvage et croise les bras sur sa poitrine ; ses lèvres balbutient des paroles incompréhensibles ; mais peu à peu sa voix devient distincte.

— C’est ici, se dit-il, que, pour la première fois, l’aveu solennel est tombé de sa bouche virginale. Une pudique rougeur colorait son front ; confuse, elle baissait les yeux et sa douce voix murmurait les ravissantes paroles de l’amour… Et moi, ému, troublé, le cœur inondé d’une indicible félicité, j’étais à côté d’elle, tremblant comme si l’immensité de mon bonheur m’eût fait peur ! Ô toi dont le feuillage a si souvent recueilli les sons de sa douce voix, toi témoin des pures aspirations de nos cœurs, le printemps a rendu à ton front une jeune et verdoyante couronne ; mais à tes pieds joies et bonheurs ne sont pas revenus. Les tristes gémissements d’un cœur souffrant montent seuls vers toi ; tout est morne et triste aux alen-