mains ni pour or ni pour argent] mon homme dit qu’il s’appelle Lucifer !
Pendant que la fermière parlait ainsi, le jeune homme avait pris le livre avec une joie profonde ; il le feuilletait sans paraître faire attention à ce que disait la brave femme. Enfin, il leva les yeux sur celle-ci, et lui dit avec un affectueux sourire :
— Je vous remercie de votre amicale attention, excellente mère Beth ; vous ne pouvez savoir combien je suis heureux chaque fois que je retrouve une chose qui a appartenu à votre maîtresse. Soyez sûre que je n’oublierai pas vos bons services.
Après avoir adressé ce remerciement à la fermière, il reprit le livre et parut lire attentivement. Néanmoins, la bonne femme ne s’éloigna pas, et l’interrompit bientôt d’un ton attristé :
— Monsieur, me permettez-vous de vous demander s’il n’est pas encore arrivé de nouvelles de notre demoiselle ?
Le jeune homme secoua négativement la tête, et répondit :
— Pas la moindre nouvelle, hélas ! mère Beth ! Toutes les recherches sont inutiles.
— C’est pourtant bien malheureux, Monsieur. Dieu sait maintenant où elle est et ce qu’elle souffre ! Elle m’a dit, lors du départ, qu’elle travaillerait pour son père ; mais pour gagner de ses mains de quoi vivre il faut avoir travaillé depuis ses jeunes années… Ah ! quand j’y pense, mon cœur s’en va… Notre bonne demoiselle en est peut-être réduite à servir les gens, et,