Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/181

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rire égaré contracta ses traits, et que, levant les mains au ciel, il s’écria :

— Merci, mon Dieu ! elle m’est rendue !

— Monsieur, Monsieur, s’écria la fermière, est-ce une bonne nouvelle ?

— Oui… oui… réjouissez-vous tous ! Lénora vit ; je sais où elle est ! Je vais la chercher, répondit monsieur Denecker à demi fou de bonheur, courant vers la maison, appelant tous ses domestiques par leur nom, et leur disant précipitamment :

— Allons, la voiture de voyage, les chevaux anglais ! Ma malle ! mon manteau ! Vite… volez !

Et, se mettant lui-même à l’œuvre, il apporta dans la voiture qu’on avait tirée de la remise plusieurs objets nécessaires au voyage. Les chevaux furent attelés, et bien qu’ils creusassent la terre du pied comme des lions impatients, et fussent tellement ardents qu’on eût dit qu’ils allaient broyer le mors, on leur sangla impitoyablement les reins d’un vigoureux coup de fouet.

La voiture, comme emportée par le vent, traversa la porte avec la rapidité d’une flèche, et souleva bientôt jusqu’au ciel la poussière de la route d’Anvers.


XI


Nous aussi, voyageons en esprit, et transportons-nous en France, à Nancy, à la recherche de monsieur de Vlierbecke et de sa fille. Parcourons nombre de petites rues étroites du quartier dit la Vieille-Ville, et arrêtons-nous enfin, devant une petite boutique de cordonnier. C’est