Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/182

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ici. Traversez la boutique, montez l’escalier… plus haut encore… ouvrez cette petite porte.

Tout ici annonce l’indigence, bien qu’il règne partout une netteté et une propreté exquises. Les rideaux du petit lit sont d’une blancheur de neige ; le poêle de fonte est soigneusement poli par la mine de plomb, le sol est saupoudré de sable à la mode flamande…

Devant la fenêtre ouverte, des marguerites et des violettes fleurissent au soleil… À côté est suspendue une cage où est renfermé un pinson.

Quel calme règne dans cette petite chambre ! Pas un souffle n’en trouble la paisible solitude.

Cependant, près de la fenêtre est assise une jeune fille ; mais elle est tellement occupée d’un travail de lingerie qu’on ne remarque en elle d’autre mouvement que le rapide va-et-vient de sa main droite conduisant l’aiguille.

Le costume de la jeune ouvrière est des plus humbles ; mais il est ajusté avec tant de goût, et tout en elle est si pur et si gracieux, qu’une atmosphère de fraîcheur et de joie semble l’envelopper comme une auréole.

Pauvre Lénora, c’est donc là le sort qui t’était réservé ! Cacher ta noble origine sous l’humble toit d’un artisan, chercher loin du lieu de ta naissance un refuge contre l’insulte et le mépris, travailler sans relâche, lutter contre le besoin et les privations, s’affaisser sous le poids du chagrin et de la honte, le cœur déchiré par les inguérissables blessures de l’humiliation et du désespoir !

Ah ! sans doute la misère a donné à ton charmant