Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/184

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La vue de ce feuillage trop connu impressionne vivement son cœur ; un incompréhensible sourire apparaît sur ses lèvres ; ses yeux se remplissent de larmes ; en proie à une ardente surexcitation morale, elle aspire à pleine poitrine l’air frais du printemps et les chaudes effluves du soleil. L’expression de sa physionomie change souvent ; on dirait que son imagination la transporte au milieu d’être aimés, et qu’elle leur parle de joie et de bonheur. Ses lèvres balbutient un nom inintelligible qu’accompagne chaque fois un sourire languissant. Peut-être murmure-t-elle le nom de son bien-aimé absent !

Bientôt son regard s’attache avec compassion sur le pinson qui sautille avec inquiétude autour de la cage et s’efforce de briser à coups de bec le treillage de sa prison.

— Pourquoi cherches-tu à nous quitter, cher petit oiseau ? dit-elle d’une voix douce. Pourquoi veux-tu partir, toi, notre fidèle compagnon dans nos tristesses ? Réjouis-toi donc ! mon père est guéri ! La vie va redevenir pour nous chère et heureuse… Qu’est-ce donc qui te fait voler tout haletant dans ta cage ? Oh ! c’est dur, n’est-ce pas, cher petit, d’être captif quand on sait qu’au dehors règnent joie et liberté ? quand on est né au milieu des champs et des bois ? quand on sait que là seulement, sous le beau soleil de Dieu, on mène une vie indépendante et douce ? Ah ! pauvre oiseau, comme toi je suis une enfant de la nature ; moi aussi j’ai été arrachée du lieu de ma naissance, moi aussi je pleure la majestueuse solitude où s’est écoulée mon enfance et les calmes ombrages qui abritaient mon berceau. Mais un