Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle alluma le poêle, lava les pommes de terre et les mit sur le feu. Sur la buse, elle plaça un petit pot avec un peu de beurre et beaucoup de vinaigre.

Jusque-là, le père ne s’était pas détourné de son travail ; il voyait tous les jours préparer le dîner, et il était rare que quelque mets nouveau parût sur le feu. Mais cette fois, à peine les pommes de terre furent-elles cuites qu’un agréable fumet se répandit dans la chambre. Monsieur de Vlierbecke regarda sa fille avec surprise et dit d’un ton de reproche :

— De la viande ! un mercredi ! Lénora, mon enfant, nous devons être économes, tu le sais bien.

— Ah ! mon père, répondit Lénora souriant à demi, ne vous fâchez pas : le docteur l’a ordonné.

— Tu me trompes pour le coup, n’est-ce pas ?

— Non, non, le docteur a dit que vous aviez besoin de viande trois fois par semaine au moins, si nous pouvions nous en procurer. Cela vous fera tant de bien, père, et ranimera si vite vos forces.

— Et nos dettes arriérées, Lénora ?

— Allons, allons, père, laissez-moi faire ; chacun recevra satisfaction et sera content. Ne vous en inquiétez pas davantage ; je réponds de tout. Et maintenant ayez la bonté de ranger vos papiers pour que je mette la nappe.

Le père secoua la tête et fit ce que demandait Lénora. Celle-ci couvrit la table d’une nappe petite, mais blanche comme la neige, et posa dessus deux assiettes et le plat de pommes de terre. C’était une humble table où tout était pauvre et vulgaire ; mais tout était aussi si net, si