Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/197

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vous ; tout s’y trouve encore ; les portraits de vos ancêtres ont repris leur place, tout ce qui vous était cher y est revenu. Venez, je veux entourer vos vieux jours d’une respectueuse vénération, je veux vous rendre heureux, si heureux ! J’aimerai votre Lénora…

L’expression du visage de monsieur de Vlierbecke n’avait pas changé ; seulement ses yeux paraissaient s’humecter lentement :

— Ah ! s’écria Gustave avec une exaltation croissante, rien sur la terre ne peut m’enlever Lénora… pas même le pouvoir d’un père ! C’est Dieu qui me l’a donnée !

Il tomba à genoux devant monsieur de Vlierbecke, leva vers lui des mains suppliantes en murmurant :

— Oh pardon ! Non, non, vous ne voudrez pas me frapper du coup de la mort. Mon père, mon père, au nom de Dieu, donnez-moi votre bénédiction… Votre froideur me fait mourir !

Monsieur de Vlierbecke semblait avoir oublié le jeune homme, et ses yeux étaient levés au ciel, comme s’il eût adressé à Dieu une fervente prière. Sa voix se fit enfin entendre distinctement ; il disait, le regard plein de larmes :

— Marguerite, Marguerite, réjouis-toi dans le sein de Dieu ; ma promesse est accomplie ; ton enfant sera heureuse sur la terre !

Gustave et Lénora, tremblants d’espoir, interrogeaient ses yeux ; il releva le jeune homme, l’embrassa avec effusion, et dit :

— Gustave, mon fils chéri, que le ciel bénisse ton amour. Rends ma fille heureuse ; elle est ta fiancée !