Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mère que la généreuse fille avait, en effet, réveillé un sentiment d’espoir dans le cœur de la pauvre femme affligée.

Fortifié par cette vue, il comprima aussi sa douleur, et courut les bras ouverts à sa mère.

Le choc fut rude, l’émotion pénible ; on versa encore des larmes. Cependant, le désespoir disparut, et peu à peu le calme se rétablit dans les deux chaumières.


II


L’heure du départ a sonné ! Devant les chaumières se tient un beau jeune homme, le bâton de voyage sur l’épaule, un sac sur le dos. Ses yeux, ordinairement si vifs ; errent lentement autour de lui ; sa physionomie est calme, et tout en lui semble annoncer une grande tranquillité d’âme, et cependant son cœur bat violemment, et sa poitrine oppressée s’élève et s’abaisse péniblement.

Sa mère serre une de ses mains et lui prodigue les marques de la plus ardente affection ; la pauvre femme ne pleure pas ; ses joues frémissent sous l’effort qu’elle fait pour dissimuler sa douleur. Elle sourit à son enfant pour le consoler ; mais ce sourire, contraint et pénible, est plus triste que la plainte la plus déchirante.

L’autre veuve est occupée à calmer le petit garçon, et essaie de lui faire accroire que Jean reviendra bientôt ; mais l’enfant a compris à la tristesse qui accable ses parents depuis un an que la séparation est un terrible malheur, et maintenant il jette des cris perçants.

Le grand-père et Catherine font à l’intérieur les der-