Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/217

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de l’adieu échapperont à leurs lèvres tremblantes…

Déjà apparaît au loin le tilleul, limite où doit commencer la fatale séparation. Le jeune homme ralentit sa marche, tandis que sa mère, tout en lui prodiguant des caresses, lui dit :

— Jean, mon fils, n’oublie jamais ce que je t’ai dit. Aie toujours Dieu devant les yeux, et ne manque jamais à dire tes prières avant d’aller te coucher. Aussi longtemps que tu le feras, tu resteras bon ; mais s’il devait arriver qu’un soir tu oubliasses de prier, songe à moi le lendemain, songe à ta mère, et tu redeviendras bon et brave ; car celui qui pense à Dieu et à sa mère, est à l’abri de tout mal, mon cher enfant.

— Je penserai toujours, toujours à vous, ma mère, dit le jeune homme avec un soupir, mais d’une voix calme ; si je suis triste et que je perde courage, votre souvenir sera mon appui et ma consolation ; et je le sens, je serai malheureux : je vous aime trop tous !

— Ensuite il ne faut pas jurer, sais-tu, ni mener mauvaise vie. Tu iras à l’église, n’est-ce pas ? Tu nous donneras aussi souvent que possible des nouvelles de ta santé, et tu n’oublieras jamais que le moindre mot de son enfant rend heureuse une mère, n’est-ce pas ? Oh, je dirai tous les jours une prière à ton saint ange gardien pour qu’il ne t’abandonne jamais !

Jean est profondément ému par la voix douce et pénétrante de sa mère ; il n’ose porter les yeux sur elle, tant le frappe, à cette heure solennelle, le regard brillant de la digne femme : c’est la tête baissée qu’il l’écoute. Sa seule réponse est parfois un serrement de main plus