Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/227

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— Tu pourrais tout de même mettre ça à la fin de la lettre.

— Non, ma fille, sais-tu ce qu’il faut faire ? dit la mère de Jean. Commence par lui demander comment va sa santé, et quand cela y sera, petit à petit nous y mettrons autre chose…

— Non, mon enfant, dit l’autre veuve, écris d’abord que tu prends la plume à la main pour t’informer de l’état de sa santé. C’est comme ça que commençait la lettre de Jean-Pierre, que j’ai entendu lire hier chez le meunier.

— Oui, c’est ce que dit aussi la Jeanne du sabotier ; je ne le ferai pas pourtant, car c’est trop enfant, répliqua Trine avec impatience. Jean saura bien de lui-même que je n’ai pu écrire avec le pied.

— Voyons, mets toujours son nom en haut du papier, dit le grand-père ;

— Quel nom ? Braems ?

— Mais non, Jean !

— Vous avez raison, père, dit la jeune fille. Va-t’en, Paul ; ôte tes bras de la table. Et vous, mère, mettez-vous un peu plus loin, car bien sûr vous allez me pousser !

Elle posa la plume sur le papier, et tandis qu’elle cherchait la place où il fallait écrire, elle épela à voix basse le nom de l’ami absent.

Tout à coup la mère de Jean se leva et saisit vivement la main qui tenait la plume :

— Attends un peu, Trine, dit-elle. Ne te semble-t-il pas que Jean tout seul n’est pas bien, C’est si court ;