Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/230

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— Je le sais bien, répondit Trine, mais dites-moi, vous autres, ce qu’il faut que je dise.

— Informe-toi d’abord et avant tout de sa santé !

La jeune fille écrivit de nouveau pendant quelque temps, effaça avec le doigt deux ou trois lettres manquées, sua sang et eau pour saisir le cheveu qui suivait sa plume, grommela contre le sacristain, parce que l’encre était trop épaisse, et lut enfin à haute voix :

— « Bien-aimé Jean, comment va ta santé ? »

— C’est bien comme cela, dit la mère ; écris maintenant que nous nous portons tous bien, les gens et les bêtes, et que nous lui souhaitons le bonjour.

Trine réfléchit un instant, et continua à écrire. Lorsqu’elle eut fini, elle lut :

— « Dieu soit loué, nous sommes encore tous en bonne santé, et le bœuf et la vache aussi, excepté le grand-père qui est malade, et nous te souhaitons tous ensemble le bonjour. »

— Seigneur mon Dieu ! Trine ! s’écria sa mère, où as-tu appris cela ? Le sacristain…

— Ne me parlez pas ! dit la jeune fille en l’interrompant, ou vous allez me faire oublier. Je sens maintenant que cela ira.

Le plus profond silence régna pendant une demi-heure. Le travail paraissait aller plus facilement ; car la jeune fille souriait de temps en temps tout en écrivant. La seule contrariété qu’elle eût, était de voir Paul qui mettait les cinq doigts à la fois dans l’encre et qui avait teint en noir tout son bras. Dix fois déjà Trine avait transporté la tasse d’un côté à l’autre de la table ; mais