Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/233

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pêtre est marié avec une fille de Pulderbosch qui est louche, mais qui lui apporte quelque chose… Jean-François, le maçon, est tombé du toit du brasseur sur le dos de notre vieux forgeron, et le forgeron en est mort, le pauvre homme ! »

La jeune fille se tut.

— Est-ce là tout ? demanda la mère d’un ton désappointé. Ne lui fais-tu pas savoir que la vache a vêlé ?

— Ah ! oui ; j’ai oublié cela… Là… c’est fait ! Écoutez : « Notre vache a fait le veau ; tout s’est bien passé, et le veau est vendu. »

— Ne lui diras-tu rien de nos lapins, Trine ? demanda le grand-père.

Après avoir écrit, la jeune fille lut :

« Le grand-père a fait une cage à lapins dans l’écurie ; ils sont aussi gras que des blaireaux ; mais le plus gros restera vivant jusqu’à ce que tu reviennes. Jean, nous ferons alors une fameuse fête… »

Tous partirent d’un joyeux éclat de rire ; le petit garçon, voyant l’allégresse générale, et lui-même ému par le mot fête, battit des mains en criant. Par malheur, sa main rencontra si brusquement la tasse, que celle-ci roula sur la table et versa comme un noir ruisseau l’encre sur la belle lettre.

Le rire disparut de tous les visages ; muets et consternés, on se regarda les uns les autres ; toutes les mains se levèrent vers le ciel, tandis que le petit Paul, craignant d’être battu, hurlait et se lamentait par anticipation de façon à rompre les oreilles.

Pendant longtemps l’enfant fut accablé de reproches,