Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/241

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et coupa à demi de la luzerne. En moins d’un instant, la brouette fut pleine jusqu’au comble. La jeune fille regagna la maison avec la même rapidité, jeta le fourrage devant la vache, et entra dans la chaumière en disant :

— Demain matin, au point du jour, je pars pour aller voir Jean !

— Oh ! mon enfant, s’écria sa mère, c’est à l’autre bout du pays. Quelle idée est-ce là ? Tu ne le trouverais pas en un an !

— Je vais voir Jean, vous dis-je, répéta la jeune fille d’un ton résolu. Je le trouverai, fût-il à cent lieues d’ici. Le secrétaire de notre commune me montrera par où je dois aller.

La mère de Jean, les mains jointes, le visage suppliant, s’élança vers la jeune fille et s’écria en sanglotant :

— Ah ! Trine, cher ange, ferais-tu bien cela pour mon enfant ? Je te bénirai jusque sur mon lit de mort !

— Le faire ? s’écria Trine. Le faire ? Le roi lui-même ne saurait m’en empêcher : je verrai Jean et je le consolerai, ou je mourrai à la peine !

— Oh ! merci mille fois, Trine ! s’écria la mère de Jean en étreignant la jeune fille de ses deux bras.


IV


Il est à peine sept heures du matin, et cependant la chaleur est déjà forte, car le soleil brille de tout son éclat dans l’azur d’un ciel sans nuages.