Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/242

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Une jeune paysanne marche vaillamment dans un chemin peu éloigné des bords charmants de la Meuse. Son costume annonce qu’elle est étrangère au pays, car les femmes du Limbourg, ne portent ni bonnets de dentelle à grandes barbes, ni chapeaux de paille de cette forme. Elle porte ses souliers à la main et marche pieds nus ; la sueur coule à grosses gouttes de son front. Bien que fatiguée jusqu’à l’épuisement, elle tient l’œil fixé avec une joie indicible sur quelques clochers lointains. Là est la ville de Venloo, le but de son voyage.

Pauvre Trine, depuis quatre jours déjà elle s’en va errant, demandant, se fourvoyant. À peine s’est-elle permis un court sommeil et quelque nourriture ; mais Dieu et sa forte nature l’ont soutenue… Elle l’a trouvé ce lieu où son malheureux ami souffre et languit loin des siens. Elle a oublié toutes ses souffrances, son cœur bondit de joie et palpite d’impatience. Si elle avait des ailes, elle volerait avec la rapidité de l’éclair vers ces tours sur le toit desquelles le soleil resplendit comme sur un miroir.

La jeune fille continua sa route, avec une rapidité croissante, jusqu’à ce que les fortifications de Venloo apparussent à ses yeux. Elle se hâta de mettre ses souliers, secoua la poussière qui couvrait ses vêtements, ajusta ceux-ci, et entra dans la forteresse d’un pas délibéré.

À quelques pas au delà des remparts extérieurs, elle vit un soldat, le fusil au bras, qui allait et venait devant une guérite. Déjà à une certaine distance elle sourit amicalement au factionnaire ; mais celui-ci la regarda avec une indifférence rébarbative. Cependant elle s’approcha har-