Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/243

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diment du soldat, et lui demanda en souriant toujours et de l’air le plus affable :

— Mon ami, ne pouvez-vous me dire où je trouverai Jean Braems ? Il est aussi soldat ici.

Le factionnaire était un Wallon de la province de Liège.

— Je ne comprends pas ! grommela-t-il en se tournant pour appeler le caporal.

Celui-ci sortit du corps de garde et s’avança d’un air bienveillant vers la jeune fille, qui s’inclina par politesse et dit :

— Monsieur l’officier, pourriez-vous, s’il vous plaît, me montrer où est Jean Braems ?

Le caporal fit la mine d’un homme qui se trouve trompé dans son attente ; il se tourna vers le corps de garde et cria en patois du Hainaut :

— Eh ! Flamand, viens un peu ici ! Il y a une pinte à gagner !

Un jeune soldat sauta à bas du lit de camp et parut en se frottant les yeux encore gros de sommeil ; à la vue de la jeune fille, sa physionomie s’adoucit.

— Eh bien, Mieken[1] demanda-t-il, que voulez-vous ?

— Je viens ici pour voir Jean Braems : ne pouvez-vous me dire où il est ?

— Jean Braems ? Je n’ai jamais entendu ce nom-là.

— Il est cependant soldat dans les Belges, comme vous !

  1. Cette abréviation du nom de Marie est très-répandue dans les Flandres, si répandue que les gens du peuple l’appliquent toujours à la femme qu’ils ne connaissent pas, comme on peut le voir ici et ailleurs, et cela en vertu d’une sorte de présomption de nom.