Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/244

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— C’est possible ; mais est-il dans la cavalerie ou dans l’infanterie ?

— Que voulez-vous dire, mon ami ?

— Je demande s’il est dans les soldats à cheval ou dans les soldats à pied !

— Je ne le sais pas ; mais il est soldat dans les chasseurs verts. Ne sont-ils pas dans cette ville-ci ?

— Alors je ne m’étonne plus que je ne le connaisse pas : nous sommes du neuvième !

Pendant cette conversation, le caporal et trois ou quatre soldats, parmi lesquels le factionnaire lui-même, s’étaient groupés autour de la jeune fille. Celle-ci ne comprenait pas pourquoi on la regardait en face si singulièrement, en plaisantant en wallon et avec force rires. Néanmoins, elle devint toute confuse et dit au Flamand d’une voix suppliante :

— Oh ! mon ami, montrez-moi donc le chemin ; je suis si pressée !

Le soldat complaisant lui répondit sur-le-champ :

— Passez la porte ; prenez la première rue à droite, puis à gauche, puis encore une fois à gauche, et puis de nouveau à droite jusqu’à ce que vous rencontriez une chapelle ; vous laisserez cette chapelle à votre main gauche pour prendre à droite, derrière une grande maison qui est une boutique ; après avoir marché encore un peu, vous reprendrez à gauche : vous arrivez alors sur le marché. Demandez la caserne du deuxième chasseurs ; le premier enfant venu vous la montrera.

Trine ne savait plus où elle en était ; sa tête se perdait dans ce pêle-mêle de gauche et de droite dont elle s’était