Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/260

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dans la chambre des aveugles pour voir si Trine n’était pas encore prête au départ. Tout à coup il pâlit, et une profonde terreur se peignit dans ses yeux.

Il voyait le sergent monter l’escalier ! Sans oser faire une observation, il le laissa entrer dans la chambre des aveugles, et le suivit la tête basse comme un criminel qui attend sa sentence.

À peine le sergent eut-il aperçu la jeune fille qu’il éclata en imprécations ; puis, se tournant vers le caporal :

— Ah ! lui dit-il, vous avez laissé entrer une étrangère ! et une femme encore ! Vite en bas ! Je vais vous relever à l’instant et demander pour vous quinze jours d’arrêts forcés. Si vos galons de caporal n’y restent pas, ce ne sera pas ma faute.

Trine se leva, et s’adressa d’une voix suppliante au sergent irrité :

— Oh ! monsieur l’officier, ayez compassion de lui. C’est moi qui suis seule cause de tout ; ce sont mes larmes mes qui l’ont poussé à me laisser entrer. Ne lui faites pas de mal parce qu’il a montré un bon cœur…

Le sergent secoua impatiemment la tête, et interrompit Trine avec un air ironique :

— Allons, que signifie tout cela ? Je connais mon service et sais ce que j’ai à faire… Et vous, Mieken, filez dehors ! et un peu vite !

La jeune fille fut involontairement surprise à cet ordre inattendu ; elle vit cependant que c’était sérieux, et, s’approchant toute tremblante du sergent, elle lui dit d’un ton de supplication :