Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/270

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Là, ce dernier prit lui-même l’aveugle par la main et lui dit :

— Trine est ici ; elle vous attend.

En prononçant ces mots, il ouvrit la porte.

Jean tira un papier de son sein, et l’agitant en l’air triomphalement, s’écria avec un indicible élan de joie :

— Trine, chère Trine, je puis partir avec toi… Je ne suis plus soldat ; voici mon congé.

— C’est la vérité, dit l’officier voyant que la jeune fille n’osait croire à ce qu’elle entendait.

Cependant Jean avançait dans la chambre les mains en avant ; mais Trine ne courut pas à sa rencontre. Foudroyée par l’émotion, elle se laissa glisser de sa chaise, et rampa sur les genoux jusqu’à sa bienfaitrice, qui était assise un peu plus loin sur un canapé. Les mains jointes, les yeux humides, avec un regard plein d’une inexprimable reconnaissance, elle s’écria :

— Oh ! madame, si vous n’allez pas en paradis, qui donc sera bienheureux ? Je ne puis parler… Mon cœur se brise… Je meurs de joie. Merci ! merci !

Sa tête s’affaissa, en effet, sans force sur le giron de la dame, et, muette, Trine embrassa ses genoux. Elle échappa cependant sur-le-champ à cette profonde émotion ; elle se releva précipitamment, et courut les bras ouverts à l’aveugle, en poussant mille exclamations de joie, parmi lesquelles dominait seul distinctement le nom du jeune homme.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Après une complète effusion de bonheur et de reconnaissance, Trine et Jean franchirent la porte de l’infir-