Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Trente francs pour ce bac à moules ! Trente francs !… Vingt-cinq ! Il est aussi bon que s’il était neuf, c’est pour rien… Vingt francs !

Une des dames fit signe de la tête, et le crieur poursuivit :

— Vingt francs, marchand, vingt francs ! Personne ne dit mieux ?

Quelques spectateurs haussèrent à leur tour ; mais la jeune dame dépassait toujours leur mise. Le crieur se tournait de l’un vers l’autre pour saisir les signes des enchérisseurs :

— Vingt et un francs !

— Vingt-deux !

— Vingt-trois !

— Vingt-quatre !

— Vingt-cinq !

— Vingt-sept francs ! Vingt-sept ! Personne, personne ? personne ne dit rien ? Adjugé ! Bonne chance, Madame !

Anna dit quelques mots au domestique du crieur, et celui-ci, se tournant vers sa maison, cria de toutes ses forces :

— On va payer !

Déjà l’ouvrier était dans la maison du crieur, déjà il songeait à courir chez lui avec l’argent qu’il venait de toucher, non sans avoir jeté un dernier et triste regard sur le bac à moules, lorsqu’il fut apostrophé par l’une des deux dames :

— Voulez-vous gagner quelque chose, mon brave homme ?