Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/301

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être un domestique du vieux monsieur, car il suivait celui-ci en silence et à une certaine distance.

— Oh ! monsieur ! s’écria Trine avec désespoir, donnez-moi un peu d’eau et de vinaigre ! Il y a là, derrière la haie, un pauvre garçon aveugle ; il a perdu connaissance. Au nom de Dieu, monsieur soyez miséricordieux ; faites une bonne action et accompagnez-moi jusque-là. Oh ! je vous en supplie, venez !

Le vieillard sourît avec compassion, et, prenant la main de la jeune fille, lui répondit avec une parfaite tranquillité :

— Calmez-vous, ma fille, ce n’est rien. Nous étions en route pour le tirer d’affaire. N’ayez pas d’inquiétude, mon enfant, ce n’est qu’une simple faiblesse. Votre ami se sera trop fatigué… Venez et ne vous désolez pas.

Trine comprenait à peine ce qu’on lui disait ; Il lui semblait si miraculeux de rencontrer à point nommé des secours sans que personne eût pu annoncer l’accident, que, dans l’ingénuité de son âme, elle croyait retrouver ici la miséricordieuse intervention de la Mère de Dieu ; elle contemplait avec une joyeuse stupéfaction la douce et consolatrice physionomie du vieillard, qui lui souriait d’un air de protection, et qui, tout en pressant le pas, lui disait :

— Vous êtes une brave fille de montrer tant d’affection à ce pauvre soldat. D’où Venez-vous avec lui ? N’est-ce pas de Venloo ?

— Oui, de Venloo, monsieur ; c’est bien loin d’ici…

— Et avez-vous porté pendant tout le voyage le sac que vous avez sur le dos ?