Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/311

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En attendant, reposez-vous ou promenez-vous dans le jardin ; et si vous désirez quelque chose, adressez-vous à la servante ou au domestique : ce sont de braves gens qui se mettront en quatre pour vous rendre service. Je vous quitte jusqu’à ce soir.

Trine vit, sans pouvoir proférer une parole, le vieillard franchir la porte… Un instant après elle quitta la chambre aussi, et, le cœur plein de joie, alla errer dans le jardin, en songeant à ce que lui avait dit le vieux monsieur.

Le lendemain matin une voiture dépassait la barrière de la maison de campagne. Sur le banc de devant était assis le domestique au front balafré, qui sifflait un air gai et stimulait du fouet le cheval au départ. Sur le second banc se trouvait le jeune homme, la visière verte devant les yeux, et auprès de lui Trine, la physionomie épanouie, pressant sa main d’une douce étreinte, et murmurant à son oreille d’une voix joyeuse :

— Jean, nous sommes bien heureux pourtant, n’est-ce pas ?… mon beau rêve a réussi… C’est maintenant que ta mère va être contente… et tu guériras, bien sûr, car le vieux monsieur l’a dit. Comme ils vont être étonnés tous en nous voyant arriver, comme des barons, dans une belle voiture !

— Nous allons traverser Gierle et Wechel, et aller jusqu’à Zoersel, dit le domestique : là il faudra me montrer le chemin. Et maintenant, en route !

Il lâcha la bride au vigoureux cheval, et cria d’une voix de stentor :

— Hop là, Marengo, en avant ! marche !