Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/324

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même nous avait dit qu’il fallait en acheter une autre. Tenez, en voilà une neuve. N’est-elle pas bien plus belle ?

Le voyageur secoua négativement la tête.

— Quant à l’horloge, vous allez l’entendre tout à l’heure, continua l’hôtesse. C’est une laide et vieille patraque qui retarde toujours. Il y a une éternité qu’elle est pendue dans la chambre au-dessus de la cave. Écoutez ! voilà qu’elle commence !

Un cri étrange partant d’une autre pièce se faisait entendre. C’était comme une voix d’oiseau qui chantait : coucou, coucou, coucou, et ainsi jusqu’à neuf fois.

Mais le chant n’était pas à la moitié qu’un sourire heureux illumina les traits du voyageur, et qu’il courut, suivi par la bonne femme, dans la chambre voisine, où il se mit à contempler avec une joie indicible la vieille horloge, tandis que le coucou achevait son neuvième cri.

Sur ces entrefaites, les deux filles de la fermière étaient venues se placer toutes curieuses auprès de l’étranger : elles le regardaient avec étonnement, et leurs grands yeux bleus interrogeaient tour à tour leur mère et lui. Ces regards inquisiteurs rappelèrent le voyageur à lui, et, comme s’il eût été satisfait de ce qu’il avait vu, il revint dans la salle principale suivi par ses trois compagnes.

À coup sûr un profond sentiment de bonheur inondait son âme, car son visage avait une si douce expression d’amour et de contentement, ses yeux humides d’émotion étaient si brillants que les deux jeunes filles s’avancèrent avec un visible intérêt beaucoup plus près encore.