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Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/326

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— Le Baes Jean voulez-vous dire ? répondit l’hôtesse ; il est mort depuis plus de vingt-cinq ans.

— Et sa femme, la bonne grosse Pétronille ?

— Morte aussi.

— Morts… morts… dit l’étranger en soupirant. Et le jeune berger André, qui savait tresser de si jolis paniers ?

— Mort aussi ! répondit la paysanne.

Le voyageur pencha la tête et tomba dans une triste rêverie.

Cependant l’hôtesse alla dans la grange raconter à son mari l’aventure de l’inconnu. Le fermier entra à pas lourds dans la chambre, et le bruit de ses sabots tira le voyageur de ses sombres méditations.

Celui-ci se leva, courut au paysan avec un cri de joie et en lui tendant la main. Le paysan prit froidement cette main en considérant l’étranger presque avec indifférence.

— Oh ! vous aussi, Pierre Joostens, vous ne me reconnaissez pas ? s’écria-t-il avec tristesse.

— Non, je ne sais si je vous ai jamais vu. Monsieur.

— Vous ne vous souvenez donc plus de celui qui, au péril de sa vie, plongea sous la glace dans la Veen pour vous sauver d’une mort certaine ?

Le paysan haussa les épaules.

Péniblement affecté, le voyageur reprit d’une voix presque suppliante.

— Vous avez donc oublié le jeune homme qui vous protégeait contre vos camarades, et qui vous apportait tant d’œufs d’oiseaux pour agrandir votre collier de