Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/341

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s’avançassent sur-le-champ vers lui par politesse. Ils croyaient sans doute qu’il venait demander son chemin, car le mari se dirigea vers la porte comme pour prévenir son désir. Mais lorsque le voyageur leur demanda d’une voix altérée et tremblante : — Est-ce ici que demeure Rosa Meulinckx ? les deux époux échangèrent un regard inexplicable et se sentirent à leur tour si troublés qu’ils ne surent que dire.

— Oui, Monsieur, répondit enfin le mari, Rosa demeure ici ; mais elle est sortie pour aller mendier. Voudriez-vous lui parler ?

— Mon Dieu ! mon Dieu ! où est-elle ? s’écria le voyageur. Ne peut-on la trouver tout de suite ?

— Cela serait difficile. Monsieur ; elle est sortie avec notre petite Trinette, pour faire sa ronde de la semaine ; mais d’ici à une heure elle sera certainement rentrée ; cela ne manque jamais !

— Puis-je donc l’attendre ici, bonnes gens ? demanda le voyageur.

À peine ces paroles étaient-elles prononcées que le mari courut dans une chambrette voisine et en rapporta un siège qui, bien que rude et de forme grossière, paraissait cependant plus commode que les chaises boiteuses de la chambre de devant. Non contente de cela, la femme tira d’une armoire un linge d’une blancheur de neige et l’étendit sur le siège en engageant l’étranger à s’y asseoir. Celui-ci fut touché de cette cordialité simple mais bien sentie, et rendit le linge à la femme avec mille remerciements ; puis il s’assit et ses yeux errèrent silencieusement autour de la chambre, comme