Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/342

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pour y trouver quelque chose qui lui parlât de Rosa. Tandis qu’il avait la tête tournée, il sentit tout à coup une petite main qui s’introduisait tout doucement dans la sienne et caressait ses doigts. Surpris de cette marque d’affection, il retourna la tête.

Son regard rencontra les yeux bleus du petit garçon qui le contemplaient avec un sourire céleste aussi affectueusement que s’il eût été pour lui un père ou un frère.

— Viens ici, Petit Pierre, dit la mère ; il ne faut pas être si hardi, mon enfant.

Mais Petit Pierre parut ne pas avoir entendu la recommandation, et continua à regarder fixement l’inconnu et à le caresser, si bien que celui-ci se sentit tout ému de l’inexplicable affection que lui témoignait l’enfant.

— Comme tes yeux bleus sont doux, mon cher petit, dit-il, ils m’émeuvent jusqu’au fond de l’âme ! Viens, je veux te donner quelque chose, puisque tu es si gentil ! Il tira de sa poche une belle bourse à anneaux d’argent et brodée de perles, y laissa quelques pièces de menue monnaie et la donna au petit garçon, qui contempla bien son cadeau d’un air ravi, mais ne quitta pourtant pas la main du voyageur.

La mère s’approcha et dit à l’enfant d’un ton de reproche :

— Petit Pierre, Petit Pierre, ne sois pas malhonnête, remercie Monsieur et baise sa main !

L’enfant baisa la main, inclina la tête cette fois et dit d’une voix claire :

— Merci, monsieur le long Jean !

Un coup de foudre n’eût pas frappé le voyageur plus