Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/350

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vaches à lait, un veau, deux chevaux, et tout ce qu’il faut pour une bonne ferme. — Vous ne me croyez pas ? reprit-il en montrant au faiseur de balais une poignée d’or ; c’est pourtant la vérité que je vous dis ! Je pourrais vous donner cela tout de suite, mais je vous estime et vous aime trop pour vous mettre de l’argent dans la main ! Je veux vous faire propriétaire d’une bonne ferme et protéger vos enfants, même après ma mort !

Les bonnes gens échangèrent un regard humide et étonné, et ne parurent pas bien comprendre ce dont il était question. Tandis que le voyageur cherchait à leur donner de nouvelles assurances, petit Pierre vint le tirer par la main comme s’il eût eu quelque chose à lui dire.

— Que veux-tu, mon petit ami ? demanda-t-il.

— Monsieur Jean, répondit l’enfant, voici les paysans qui reviennent des champs. Je sais bien où est Rosa. Faut-il courir au-devant d’elle pour lui dire que vous êtes arrivé ?

Le voyageur prit la main de Petit Pierre et l’entraîna lui-même vers la porte en disant :

— Viens ! viens ! conduis-moi !

Et sans prendre congé des gens de la chaumière autrement que par un geste, il suivit le petit garçon, qui se dirigeait à pas empressés vers le centre du village. Lorsqu’ils atteignirent les premières maisons, les paysans surpris sortirent des granges et des écuries, et regardèrent, yeux et bouche béants, comme si un miracle se fût passé sous leurs yeux. C’était en effet un singulier spectacle que cet enfant en chemise et pieds nus, qui sautil-