Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/356

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heures en ce moment, et une voix d’oiseau chanta sur un ton triste :

— Coucou ! coucou ! coucou !

— Quelle fantaisie est-ce là ? demanda l’un des voyageurs ; auriez-vous vendu la belle horloge qui se trouvait là autrefois pour vous faire assommer toute l’année par ce chant funèbre ?

— Oui, oui, dit le paysan avec un fin sourire ; moquez-vous de cet oiseau-là, je vous le conseille ; il me rapporte par an cinquante florins de Hollande ; c’est un bonnier de bonne terre qui n’a pas besoin d’être fumé !

Au même instant quatre coups de canon retentirent au loin.

— Ô mon Dieu, s’écria le Baes, la fête est commencée ! En traînant et lambinant, cette femme-là me jouera un mauvais tour !

— Mais, père Joostens, demanda le plus âgé des deux amis, que se passe-t-il donc ici ? Est-ce kermesse aujourd’hui ? Ce serait étrange, un jeudi ! ou bien le roi viendrait-il au village ?

— C’est une singulière histoire ! répondit le Baes. On n’a jamais rien entendu de pareil ! Si vous saviez cette histoire-là, vous n’auriez pas besoin pour le coup d’amadouer les oreilles aux gens, ni de forger des menteries pour remplir vos livres ! Et ce vieux coucou-là, tenez, est aussi pour quelque chose dans l’histoire de Rosa l’aveugle.

— Rosa l’aveugle ! murmura le jeune voyageur avec surprise. Quel magnifique titre ! Ce serait un beau pendant au Jeune Malade !