Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/359

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Au milieu de tous ces préparatifs de fête circulaient une foule de gens accourus des villages voisins pour voir célébrer ces noces étonnantes.

Les jeunes voyageurs allaient d’un groupe à l’autre, écoutant tout ce qui se disait. Mais lorsque le cortège, qui venait du château en traversant les champs, s’approcha du village, ils coururent à l’entrée du cimetière et se placèrent sur un monticule afin de ne perdre aucun détail de la cérémonie.

Ils contemplaient le cortège avec une sorte de respect, et c’était, en effet, si beau et si touchant que le cœur du plus jeune voyageur battait sous les élans d’un poétique enthousiasme.

Plus de cinquante petites filles de cinq à dix ans, habillées de blanc, s’avançaient avec le doux sourire de l’enfance sur le visage, semblables à ces petits nuages blancs qui moutonnent dans le ciel bleu. Au-dessus de leurs charmantes figures, autour de leurs cheveux flottant en liberté, se balançait une couronne de roses de tous les mois qui le disputaient en fraîcheur à leurs lèvres purpurines.

— C’est un conte fantastique d’Andersen, murmura le jeune poète ; les sylphes ont délaissé le sein des fleurs. Innocence, pureté, jeunesse, joie… Dieu, que cela est beau !

— Ah ! ah ! dit l’autre, voici les pivoines ! et Zanna Joostens marche à leur tête !

Mais le jeune homme était trop profondément touché pour faire attention à cette prosaïque observation. Il contemplait avec une sorte d’extase une troupe de jeunes