Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/360

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filles qui suivaient les enfants, resplendissantes de vie et de santé ! Comme leurs traits étaient séduisants dans l’encadrement de neige de leurs bonnets de dentelle ! Quelle charmante et juvénile modestie ! Quel magique sourire entr’ouvrait leurs lèvres ! c’était comme ces cercles gracieux que le zéphyr décrit à la surface des lacs lorsqu’il joue avec les flots dans les jours d’été !

Ah ! voici Rosa l’aveugle et monsieur Slaets, son fiancé. Combien la pauvre femme doit être heureuse ! Elle a tant souffert ! Elle a été abaissée jusqu’à la besace du mendiant, elle a passé trente-quatre années dans l’affliction, berçant son âme d’un espoir qu’elle-même croyait une illusion…, et maintenant voici l’ami de son enfance, de sa jeunesse ! Elle s’avance, appuyée à son bras, vers l’autel de ce Dieu qui l’a exaucée ! La promesse faite sur la croix du cimetière va se réaliser ; elle est sa fiancée ! Sur son sein brille encore l’humble croix d’or qu’il lui a donnée… Elle entend les cris de joie, les chants et la musique qui saluent le retour de son bien-aimé ! Elle chancelle sous le poids de l’émotion et presse fortement le bras de son époux, comme si elle doutait de la réalité de son bonheur.

Derrière elle s’avancent Nélis, sa femme et ses enfants. Ils sont vêtus comme de riches campagnards. Les parents penchent la tête et essuient des larmes de reconnaissance chaque fois qu’ils regardent leur bienfaitrice aveugle. Petit Pierre porte la tête haute ; il marche avec orgueil en secouant ses boucles blondes, et donne la main à ses sœurs.

Mais qu’est-ce que le groupe qui s’avance ! Ce sont les