Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/395

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— Ma tristesse ne vient pas de là, Catherine. Je voudrais mettre vos enfants à l’abri de tout besoin, et je ne le puis pas, hélas !

— Un mot venu du cœur, mademoiselle, est la plus belle des aumônes.

— Écoutez, brave femme, — mais n’en dites rien. Voici quatorze sous… et quand vous viendrez demain à la ferme avec votre autre enfant, peut-être pourrai-je vous donner un peu plus… et puis je ferai des habits pour vos enfants, avec ceux que portait ma mère défunte ; ils seront chauds et beaux. Peut-être trouverai-je aussi quelque chose de bon pour vous… Oh ! si Dieu me secondait dans mes efforts c’en serait fait peut-être de toutes vos misères !

La veuve, profondément touchée par ces paroles, céda à son émotion et se mit à pleurer. Elle baigna la main de la jeune fille de larmes brûlantes et s’écria :

— Ah ! mademoiselle, j’étais si malheureuse, mais si malheureuse, que parfois j’en perdais quasi la tête ; il y a longtemps que je serais morte peut-être, si j’avais pu mourir ; mais qui aurait pris soin de mes pauvres agneaux ? Et maintenant la bonté de votre cœur, votre amitié plus encore que votre secours me font tout d’un coup oublier ma misère. Oh ! comme je prierai Dieu pour vous ! Comme mes enfants et moi nous vous bénirons à genoux dans notre chaumière !

— Si j’étais riche ! si j’étais riche ! disait la jeune fille se parlant à elle-même et en soupirant.

— Riche ? reprit la pauvre femme, vous le serez, mademoiselle. Riche à trésors !