Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/396

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— Vous vous trompez, Catherine. Les gens d’ici le croient bien, mais ils sont dans l’erreur assurément.

— N’hériterez-vous donc pas de votre oncle ?

— Mon oncle est pauvre, ma bonne femme. Il ne possède rien que la vieille maison que nous habitons et quelques petites terres.

— Non, non, mademoiselle, il a beaucoup, beaucoup d’argent. — Mon homme était maçon, et il a travaillé autrefois et longtemps en secret pour votre oncle. Il n’y a peut-être qu’une personne au monde qui sache le fin mot de l’affaire, et cette personne c’est moi, mademoiselle.

Cécile était au comble de l’étonnement.

— Et ce n’est pas par fierté que je le dis, poursuivit la veuve, mais je pourrais vous donner le nom de cousine ; car la défunte femme de votre oncle était la sœur de la mère de mon homme. Ainsi vont les choses dans les villages : l’un a du bonheur, l’autre du malheur, on se disperse dans tout le pays pour chercher son pain, et à la fin on ne se connaît plus les uns les autres.

— Ainsi cette chère petite Marie serait ma cousine ? demanda Cécile avec une joie véritable tout en caressant la tête de l’enfant.

— De loin seulement, de très-loin, répondit la veuve. Si tout allait dans le monde comme cela devrait aller, j’aurais aussi ma part dans l’héritage ; mais Mathias, cet hypocrite trompeur, fera bien en sorte que personne de notre côté n’ait rien.

— Mon oncle est juste pourtant, dit Cécile ; si sa