Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/398

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et l’héritière la plus proche, puisque votre père était le propre frère de l’oncle Jean. Une autre fois nous parlerons un peu plus longtemps de cette affaire ; je veux vous mettre en garde contre ce traître… Voilà trop longtemps déjà que vous faites preuve de bonté pour une pauvre veuve, par le gros froid qu’il fait. Je vais consoler mes petits enfants, leur porter les bonnes nouvelles et prier Dieu pour vous, mademoiselle.

Cécile releva la tête, prit la main de la mendiante et lui dit :

— Catherine, voulez-vous faire quelque chose pour moi ? mais il n’y faudra pas manquer…

— Avec joie, mademoiselle.

— Eh bien, ne priez pas pour moi, mais priez pour mon oncle. Ne l’oublierez-vous pas ?

— Je le ferai.

— À demain donc.

La veuve reprit le sentier tout en continuant à exprimer sa reconnaissance dans les termes les plus vifs. Par intervalles, elle se retournait vers Cécile, qui gagnait d’un pas rapide la maison de l’oncle.

— Marie, ma fille, disait la pauvre mère d’une voix émue, tu as rêvé d’un ange cette nuit, n’est-ce pas ? Eh bien, voilà l’ange ! et ce méchant Mathias c’est le diable !… Allons, Marie, courons un peu, mon enfant.


III



Cécile ouvrit la porte et entra. Il n’y avait personne dans la chambre d’en bas. La glaciale solitude de cette