Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/399

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pièce fit encore impression sur l’âme de la jeune fille, bien qu’elle y fût accoutumée. Elle promena lentement son regard autour de la chambre, et laissa errer des yeux distraits sur les murs tapissés de sombres toiles d’araignée. Une expression de tristesse ou de pitié se peignit sur ses traits, et elle s’arrêta quelques instants, toute pensive, au milieu de la chambre. Sans doute elle faisait en elle-même une comparaison entre le courage, le contentement et l’amour qui régnaient dans la maison de la pauvre veuve et la morne solitude du lieu où elle se trouvait. Cependant elle s’assit bientôt près du foyer, dans le coin de la cheminée, et fixa sur la tourbe en cendres un œil incertain. Quelques mots échappés de ses lèvres attestaient qu’elle était encore préoccupée des paroles de la pauvresse.

À peine était-elle assise depuis quelques instants qu’une tête d’homme se montra derrière elle, à travers la porte entrebâillée d’une chambre voisine. Dès que cet homme aperçut la jeune fille, son visage prit une étrange expression. Ses yeux gris étincelèrent de joie sous leurs épais sourcils, tandis que sa large bouche, contractée par un hideux sourire, trahissait la convoitise triomphante.

Il disparut sur-le-champ, et entra bientôt après dans la chambre avec trois tourbes et un fagot de bouleau sous le bras. Son visage avait en ce moment un sourire aussi affable et exprimait une bonhomie aussi naïve que le permettait sa repoussante physionomie.

— Bonjour, Cécile, dit-il d’une voix bienveillante. Il fait froid, n’est-ce pas ? Allons, ôtez vos pieds des cen-