Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/400

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dres, je vais allumer pour nous un bon petit feu bien chaud.

La jeune fille le regarda avec surprise. Le ton de cette voix lui était inconnu ; ce sourire franc et ouvert, elle ne l’avait jamais vu sur la figure de Mathias. Cependant, comme les paroles de Catherine étaient encore présentes à son esprit, elle demeura dans le doute sur ce qu’elle devait penser de ce changement.

Mathias se hâta de mettre la tourbe au feu, et disposa le combustible avec intention, de façon à ce qu’il fût presque tout du côté où Cécile était assise.

— Que faites-vous, Mathias ? demanda celle-ci ; vous mettez le bois hors du foyer.

— C’est pour que vous puissiez bien vous chauffer, Cécile, répondit l’autre, tandis qu’il introduisait le soufflet sous le bois et faisait jaillir une flamme joyeuse.

— Voilà qui est bien, reprit-il. Non pas pour moi ; mais si cela vous fait plaisir, Cécile, j’y prendrai plaisir aussi, quand même je n’en profiterais pas.

— Mathias ! Mathias ! s’écria la jeune fille, je ne vous comprends pas ; vous voulez rire, n’est-ce pas ? Vous êtes devenu un tout autre homme !

— Cécile, dit Mathias d’une voix triste et en fixant sur sa voisine un regard suppliant, Cécile, vous me haïssez. Oh ! vous ne me connaissez pas !

— Vous haïr ! Fi, quel vilain mot ! J’ai peur de vous, Mathias, c’est vrai ; mais aussi vous avez toujours l’air si refrogné, et vous me parlez si rudement ! Vous le savez bien, Mathias, j’ai besoin d’affection, et j’aime à voir la bonté du cœur : c’est mon caractère.