Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/404

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— Parlons un peu avec sang-froid de cette affaire. Peut-être trouverons-nous le moyen de contenter tout le monde.

— Ah ! oui, dit la jeune fille vivement ; venez à mon aide, Mathias ; je vous en serai reconnaissante toute ma vie.

— Voyez-vous, Cécile, avant de vous affliger ou d’accuser notre oncle d’étourderie, il est nécessaire que vous sachiez les motifs de sa détermination. Peut-être alors en éprouverez-vous un sentiment de reconnaissance. Notre oncle pense qu’il n’a plus longtemps à vivre ; je crois qu’il ne se trompe pas. Ce qui le chagrine le plus, c’est la crainte qu’il ne quitte ce monde sans voir votre sort assuré. Votre mariage seul peut le tranquilliser là-dessus.

— Mais, Mathias, je ne veux pas me marier ; je suis encore beaucoup trop jeune ! dit la jeune fille avec accablement.

— C’était aussi mon opinion ; c’est pour cela que j’ai refusé d’abord, répondit Mathias.

— Ciel ! s’écria Cécile épouvantée ; avez-vous donc changé d’idée ?

— Je ne le sais pas moi-même, répliqua-t-il ; depuis ce moment-là, le sentiment du devoir s’est éveillé en moi, et je suis tombé dans le doute quant à ce que demandent de moi la générosité et la saine raison. Réfléchissez d’abord, Cécile, que votre oncle a conçu cette idée depuis des mois, qu’elle a pris racine dans son esprit. Vous le connaissez : s’il ne peut la mener à bonne fin, il en sera malade, il en mourra peut-être. Voudriez-vous être la cause de sa mort, Cécile ?