Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/405

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— Ô mon Dieu, mon Dieu ! s’écria la jeune fille en levant les yeux au ciel.

— Voudriez-vous être la cause de sa mort, Cécile ? répéta Mathias.

— Oh ! non, non ! s’écria-t-elle en portant les deux mains à ses yeux et en recommençant à pleurer.

— Ainsi vous m’épouserez pour ne pas abréger sa vie ?

— Mais, Mathias, vous avez refusé positivement, n’est-ce pas ?

— J’ai refusé, en effet ; mais quand l’oncle Jean, au désespoir et se mettant à genoux, a imploré mon consentement comme un dernier bienfait, lorsqu’il m’a dit qu’il mourrait de chagrin si je ne cédais pas ; alors j’ai écouté ma pitié, mon amour pour lui.

— Mais vous n’avez pas consenti, pourtant ?

— Je ne veux pas être la cause de sa mort… Et vous, Cécile ?

— Ah ! moi non plus ! s’écria la jeune fille en sanglotant ; j’arracherai de l’esprit de mon oncle son cruel dessein. Il ne résistera pas à mes larmes, à mes prières.

— Vous ne l’espérez pas, Cécile. Quand a-t-il renoncé à un projet ? Eh bien, s’il vous demande ce mariage, s’il vous dit lui-même que votre refus le fera mourir !

— Ah ! j’obéirai ! dit la jeune fille en versant un torrent de larmes.

Elle courba la tête, et, le tablier devant les yeux, continua de pleurer et de sangloter.

Le visage de Mathias rayonnait de joie. Il s’était attendu à plus de résistance, et croyait la plus grande