Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/414

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peut entraîner un aveugle sentiment d’amour, quand d’avides conseilleurs se mêlent d’attiser ce mauvais feu. Mais laissons là la chose ; Cécile est abusée ; elle mérite plutôt votre pitié que votre colère.

Ce langage insultant et l’injustice de son oncle envers elle surexcitèrent de nouveau Cécile et la tirèrent de son abattement.

— Oh ! c’en est trop ! s’écria-t-elle avec indignation, je ne veux pas de votre pitié ; elle me souillerait ! Comment ? il y a un instant, là, à cette même place où vous êtes, ne vous réjouissiez-vous pas à l’espoir que notre oncle ne vivrait plus longtemps ?

— J’ai dit, répondit Mathias, que vous ne deviez pas, par votre résistance à sa volonté, abréger le peu d’années que Dieu peut encore lui accorder.

— C’est faux ! c’est faux ! s’écria Cécile. Ne vous êtes-vous pas moqué de mon oncle, et ne l’avez-vous pas traité de ladre ? N’avez-vous pas cherché à me séduire et à m’entraîner dans une exécrable conspiration avec vous, pour dissiper le bien de mon oncle, après sa mort, dans le luxe et la bonne chère ? Et, pour mieux parvenir à vos fins, ne m’avez-vous pas dit que mon oncle avait amassé des milliers et des milliers de florins ?

— Comment ? Quelles horribles choses sont-ce là ? C’est le diable qui vous inspire, misérable enfant ! s’écria l’oncle en levant les mains. Je ne possède rien… rien !

— Pourquoi, Cécile, interprétez-vous faussement mes paroles ? demanda Mathias d’une voix plaintive. Il est inutile de faire de si vilains péchés. Assurément l’oncle Jean ne vous croira pas ! J’ai dit et je répète que la