Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/417

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dément Cécile ; elle se laissa glisser de sa chaise, rampa sur les genoux jusqu’aux pieds du vieillard, dont elle saisit et baisa la main, et s’écria :

— Oh ! je vous aime encore ! encore comme autrefois ! Je donnerais toutes les années de ma vie pour prolonger la vôtre, si Dieu le permettait ! Ah ! ayez pitié, ayez pitié de moi ! Et si j’ai dit quelque chose qui vous afflige, pour l’amour de Dieu, pardonnez-le-moi !

Un sourire de joie éclaira le visage du vieillard. Il s’était vraisemblablement trompé sur les intentions de la jeune fille, car il reprit d’une voix adoucie :

— Il y a pardon pour tout, Cécile. Je savais bien que ton cœur n’avait pu changer ainsi tout d’un coup. Oublions tout, mon enfant ; l’homme le plus sage se trompe parfois. Ah ! je remercie Dieu de ce que je retrouve ma bonne Cécile !

En parlant ainsi, il la releva et fit un mouvement comme s’il voulait lui donner le baiser de réconciliation ; mais la jeune fille lui adressa un regard si interrogateur et si étrange, qu’il se prit aussi à douter :

— Eh bien ? demanda-t-il, je croyais que tu avais consenti !

Tremblante et comme saisie de convulsions, Cécile se jeta la tête en arrière, et parcourut la chambre en levant les mains et en disant d’un ton déchirant :

— Il est ensorcelé ! Mon Dieu, mon Dieu, vous m’avez abandonnée !

Mathias s’était levé, il s’approcha de l’oncle, le prit par le bras et en lui disant :

— Venez, oncle Jean, vous vous rendrez malade. Il