Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/420

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se mit à rire de bon cœur et se dit à elle-même :

— Ah ! ah ! la mère ! Comme elle va ouvrir les yeux tout à l’heure ! Elle saura bien alors pourquoi j’ai laissé couler l’eau de la marmite.

Elle se mit en même temps à sauter et à courir si vivement que la neige volait en flocons sous ses pieds.

Elle n’avait pas encore atteint le village, lorsqu’elle entendit, derrière la sapinière, le hennissement d’un cheval.

— Ah ! les voilà ! s’écria-t-elle avec Joie. Notre Bles[1] est content d’arriver à la maison ; mais si la pauvre bête savait quelque chose de l’affaire, elle serait capable de prendre le galop.

Bientôt elle vit son frère paraître au loin avec sa charrette au détour du bois. Et bien qu’elle ne pût se faire comprendre à une pareille distance, elle cria de toutes ses forces, en se mettant à courir plus vite encore qu’auparavant.

— Barthélemy ! Barthélemy ! L’as-tu ? As-tu le mouchoir ?

Le jeune paysan comprit sans doute ses gestes, car il se leva debout dans la charrette et jeta sa casquette en l’air, si bien qu’elle retomba à quelques pas dans le chemin et qu’il fut forcé de faire arrêter le cheval pour aller la ramasser.

Sur ces entrefaites, sa sœur, toute en nage, arrivait en courant jusqu’à lui.

— Eh bien ! Barthélemy, s’écria-t-elle, as-tu le mouchoir ?

  1. Équivalent flamand du Bayard traditionnel.