Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/421

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— Jeannette, Jeannette, répondit-il avec une joyeuse exaltation, j’ai tous les bonheurs ! Pense un peu, le monsieur à qui je devais livrer mes cercles, — c’est un confiseur, — m’a demandé pourquoi je paraissais si heureux au moment où il me payait.

— Oui, Barthélemy, demanda la jeune fille trépignant d’impatience dans la neige, c’est bien, mais as-tu le mouchoir ?

— Certainement que j’ai le mouchoir ; mais écoute un peu, reprit le jeune homme. J’ai parlé à ce monsieur de notre mère et de sa fête.

— Laisse-le-moi voir, Barthélemy, laisse-le-moi voir !

— Et le monsieur, Jeannette, sais-tu ce qu’il a fait ? Il a dit que, lui aussi, il voulait faire son cadeau à la mère.

— Vraiment ! Mon Dieu, voilà qui est beau !

— Oui, et il m’a donné de bel et bon ouvrage pour tout l’hiver.

— Et c’est là le cadeau de la mère ?

— Non, Jeannette ; il m’a glissé dans la main une belle pièce de cinq francs toute neuve, et il m’a dit que je devais l’ajouter au prix du mouchoir pour pouvoir en acheter un très-beau.

— Cinq francs ! et que coûte donc le mouchoir ?

— Huit francs et demi, Jeannette ! huit francs et demi !

— Que Dieu me soit en aide ! Il y avait là, cher Barthélemy, de quoi vivre tout un mois pour toute la maisonnée. Laisse-le-moi donc voir ?

— Oui, mais auparavant j’ai encore quelque chose à te dire. Le monsieur m’a ensuite conduit chez lui, où il y avait une quantité de pots de cuivre, — tout à fait