Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/424

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Tous deux montèrent dans la charrette. Le cheval continua sa route.

— As-tu les fleurs ? demanda la jeune fille en regardant tout autour d’elle dans la charrette.

— Elles sont sous moi dans le panier, avec un cruchon de bière d’orge, répondit Barthélemy. J’allais oublier que j’ai une commission de Frans pour toi.

— Pour moi ? de Frans ? demanda Jeannette les joues empourprées d’une pudique rougeur.

Barthélemy ouvrit le panier et en tira quelques petites fleurs toutes mignonnes.

— Voilà ! dit-il, Frans m’a prié de te donner cela.

— Que puis-je faire de cela ? demanda la jeune fille pensive.

— Sais-tu, sœur, comment ces fleurs s’appellent ? reprit le jeune homme. Je ne le savais pas non plus, mais Frans me l’a dit. Oh ! c’est un si beau nom !

— Comment s’appellent-elles donc ?

— Elles s’appellent : Ne m’oubliez pas !

La jeune fille tourna brusquement le dos à Barthélemy pour cacher la vive rougeur qui enflammait son visage. Son frère la regarda un instant en riant, puis demanda :

— Jeannette, Cécile est-elle auprès de la mère ?

— Elle n’est pas encore venue chez nous aujourd’hui, répondit la jeune fille. Je suis allée au couvent pour savoir ce que cela signifie. Le méchant Mathias m’a reçue comme si je venais voler quelque chose.

— Et Cécile ne viendra-t-elle pas ?

— Elle viendra ; elle viendra vers le soir, a dit Ma-