Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/425

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thias, mais avec un sourire !… tout à fait comme un chien qui va mordre.

— Bah ! peu nous importe, pourvu qu’elle vienne. — La mère pourra la reconduire à la maison si elle demeurait un peu tard. Allons, sœur, assieds-toi sur le panier à côté de moi, et voyons comment nous allons arranger cela.

Ils entamèrent un dialogue entremêlé de gestes joyeux et de battements de mains de la jeune fille, mais à voix si basse et si mystérieusement qu’un passant n’eût pu en saisir un seul mot.

Lorsqu’ils furent arrivés devant la porte de la ferme, Jeannette sauta à bas de la charrette, et entra dans la maison ; Barthélemy détela le cheval et le conduisit à l’écurie. Il apporta ensuite avec une foule de précautions le paquet et le panier.

— Ah ! bonjour, mère, s’écria-t-il en entrant dans la chambre. Tendez la main, j’ai du bel et bon argent pour vous.

Tout en mettant dans la main de sa mère quelques pièces de monnaie, il parcourut la chambre du regard ; tout à coup son visage s’assombrit, et prit l’expression d’une profonde tristesse.

— Tu crois sans doute, dit la mère, que je ne te donnerai pas de pourboire parce que la veuve du maçon Jean doit venir dîner ici avec ses enfants ? Non, Barthélemy, non, mon garçon, bois une pinte, le dimanche, comme c’est ton habitude : tu es beaucoup trop brave pour t’en priver.

Barthélemy prit distraitement quelques cents que lui