Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/426

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offrait sa mère, et comme celle-ci allait mettre l’argent à part dans sa chambre à coucher, il s’approcha de sa sœur et lui dit avec un gros soupir :

— Cécile n’est pas ici !

— Elle ne viendra plus maintenant, dit la jeune fille ; dans une demi-heure il fera noir. Mais nous lui raconterons l’affaire demain. Allons, va-t’en là-haut et retiens la mère en bavardant, comme nous en sommes convenus.

— Voulons-nous attendre encore un peu ? demanda Barthélemy.

— Attendre ? Alors nous ne parviendrons plus à faire quitter sa chambre à la mère.

— C’est vrai, dit le jeune homme. J’aurais pourtant été si content que Cécile fût là. Allons, dépêche-toi, Jeannette, — et quand ce sera fait, frappe avec le soufflet sur les pincettes.

Jeannette courut en toute hâte à l’écurie, en rapporta le panier, posa sur la table cinq ou six assiettes dans lesquelles elle versa les paquets de sucre candi, disposa tout auprès le mouchoir à demi déployé, noua les fleurs au cruchon de bière, et mit à côté trois tasses pour la boire, car il n’y avait pas de verres dans la maison.

Puis elle frappa si fort du soufflet sur les pincettes que la mère cria d’en haut :

— Hé ! ne cassez rien en bas !

Barthélemy descendit quatre à quatre l’escalier ; la mère le suivait.

Ce fut un singulier mais touchant tableau que de voir