Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/428

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Il portait la jatte à sa bouche, mais il s’arrêta soudain à un cri de sa sœur, qui s’élança dehors en disant :

— Voilà Cécile là-bas ! Ah ! voilà Cécile !

— Hourra ! hourra ! dit Barthélemy avec allégresse, et lui aussi courut hors de la maison.

La mère n’était seule que depuis un instant lorsque ses enfants reparurent sur le seuil avec Cécile.

Mais hélas ! quel changement s’était fait en eux ! leur visage était triste et abattu, ils marchaient la tête basse, et regardaient de temps à autre Cécile avec une curiosité mêlée d’effroi.

Cécile s’avança, muette, jusqu’à la table, s’affaissa sur une chaise, et se mit à sangloter et à pleurer tellement que les autres, frappés de stupéfaction, la contemplaient en tremblant.

La mère s’approcha la première de la pauvre affligée, et lui dit en lui prenant la main :

— Seigneur Dieu ! chère Cécile, qu’est-il arrivé ? Un malheur ?

Elle n’obtint pas de réponse.

Barthélemy vint à son tour près de la jeune fille et s’écria d’une voix déchirante et pleine de larmes :

— Cécile ! Cécile !

Soit que cet appel parti d’un cœur navré eût vivement frappé la jeune fille, soit que les larmes mêmes qu’elle avait versées l’eussent un peu soulagée, elle leva la tête et répondit d’une voix faible :

— Ô mes chers amis, le chagrin m’ôte la parole. Laissez-moi pleurer encore un peu.

— Ah ! Cécile, Cécile, vous me ferez mourir ! s’écria