Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/429

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Barthélemy tout hors de lui. Qu’y a-t-il ? Pour l’amour de Dieu, parlez !

— Jugez combien je suis malheureuse, dit la jeune fille, c’est la dernière fois que vous me voyez !

Une suite d’exclamations douloureuses répondit à cette révélation inattendue.

— Je ne puis plus venir jamais ici, reprit Cécile en versant un torrent de larmes ; je ne puis plus adresser la parole à aucun de vous. Et, hélas ! hélas ! je dois obéir ?

— Vous ne pouvez plus nous parler ! demanda la veuve d’une voix étonnée et incrédule. Pourquoi ? Nous n’avons cependant fait de mal à personne ?

— Ah ! ne me demandez rien, dit la jeune fille d’un ton suppliant ; je ne puis parler.

La colère de Barthélemy éclata, ses dents grincèrent, il serra les poings convulsivement et reprit :

— Oh ! je le pensais bien ! C’est encore ce serpent de Mathias qui a tout fait. — Voyez-vous, je suis bon, je n’ai jamais fait de mal même à une grenouille… mais si ce bourreau me tombe entre les mains, et que je ne lui arrache pas des épaules son infernale tête, alors…

La vieille mère lui mit la main sur la bouche et coupa court à sa vindicative imprécation.

— Barthélemy, dit Cécile suppliante, si vous avez quelque amitié pour moi, chassez bien loin ces mauvaises pensées. Mon oncle lui-même me l’a ordonné. Il n’y a rien à faire : c’est mon sort.

— Mon Dieu ! je ne vous reverrai donc plus jamais !