Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/430

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s’écria le jeune homme avec désespoir, et il posa sa tête sur la table et se mit à pleurer amèrement.

— Je ne viendrai plus jamais ici, répondit Cécile ; mais lorsque, seule et abandonnée, je passerai mes jours entiers au vieux couvent, ô mes amis, alors je penserai toujours, toujours à vous. Ce n’est que d’à présent que je sais combien je vous aime tous.

Ces derniers mots mirent le comble à la désolation, et tous, le cœur brisé, fondirent en larmes.

Tout à coup Cécile jeta au dehors un regard plein d’anxiété, et sans doute elle aperçut quelque chose qui lui inspirait une terreur profonde, car elle se leva toute tremblante, et rassembla à la hâte quelques objets épars sur une armoire.

— Ciel ! dit-elle, je l’avais déjà oublié ? Je suis venue prendre mon coussin à coudre ; adieu, adieu, je dois partir !

Barthélemy se retourna frappé du ton inquiet de ces paroles.

Lui aussi regarda au dehors, et soudain la flamme de la colère étincela dans ses yeux.

— Le voilà là-bas dans le chemin, le méchant démon ! Va-t’en, scélérat, va-t’en !

Il voulut franchir la porte ; mais sa mère se suspendit à son cou, et le retint de toutes ses forces, bien qu’il mugît comme un taureau furieux et s’efforçât d’échapper à l’étreinte qui l’arrêtait.

Cependant Cécile avait tiré précipitamment de son sein une croix d’or. Elle mit le bijou dans la main de Jeannette et lui dit :